mercredi, mai 30, 2007

Jaune de Crome de Aldous Huxley

Je me suis intéressée à ce livre car en lisant Barbara Pym, on mentionnait dans une des introductions que ce livre l’avait décidée à entreprendre une carrière littéraire. Du coup, ma curiosité n’a fait qu’un tour et je me suis empressée de le lire.

« Jaune de Crome » est le premier roman écrit par Aldous Huxley en 1920. Il était à l’époque professeur à Eton. Ce livre obtint un vif succès.

L’histoire se passe en 1920. Denis, un jeune homme de vingt-trois ans appartenant à la bonne société londonienne, poète et écrivain, débute un séjour d’un mois de vacances à Crome, un immense manoir situé près du village du même nom dans la campagne anglaise. Le manoir de Crome appartient à un gentleman du nom de Henry Wimbush qui y vit avec Priscilla, son imposante épouse. Plusieurs personnes se trouvent déjà au château de Crome dont Mary Bracegirdle, belle jeune fille de vingt-trois ans au caractère sérieux, Jenny Mullion, une jeune fille d’une trentaine d’années souffrant de surdité, M. Scogan, Gombauld, un jeune peintre de talent et enfin Anne, la nièce de Henry Wimbush dont Denis est secrètement amoureux. Tout ce beau monde profite de la vie calme et paisible de la campagne anglaise et s’adonne à différents passe-temps. Mr Wimbush est passionné par l’histoire du château de Crome et par son architecture, Mrs Wimbush s’intéresse à l’au-delà et essaie en vain de communiquer avec les esprits, Jenny Mullion possède un talent pour le dessin et s’en sert pour caricaturer les êtres humains qui l’entourent, Gombault s’est installé un atelier un peu à l’écart du château et expérimente plusieurs styles de peinture avec plus ou moins de bonheur, Mary s’interroge sur les pulsions amoureuses et enfin Denis s’adonne à la poésie.

Mais, il ne se passe pas grand-chose à Crome. Chacun occupe ses journées comme il peut. Bien sûr, il y a l’office du dimanche et puis les repas et les promenades dans le jardin. Anne pose pour Gombault dans son atelier ce qui rend Denis malade de jalousie. Le château reçoit la visite d’Ivor, jeune homme possédant toutes les qualités et de nombreux talents, mais volage et manquant de sérieux. Il emportera lors de son départ le cœur brisé de Mary, la laissant seule à sa tristesse de jeune femme séduite et abandonnée. Mais le grand évènement demeure la foire annuelle du village de Crome, tradition chère au cœur de Henry Wimbush et qui se tient dans les jardins du château. On dresse pour l’occasion un vrai petit village de tentes avec plein de jeux et d’attractions surprenantes. Tous les habitants du château se voient assigné une tâche bien précise. Chacun s’en acquitte avec enthousiasme et optimisme. La fin de la foire signifiera également la fin précipitée du séjour de Denis qui quitte à regret sa chère Anne dont il aurait tant aimé emporter le cœur dans ses bagages.

Un excellent roman qui plonge le lecteur dans l’atmosphère d’une vieille demeure aristocratique abritant des êtres hantés par leurs obsessions et dont la principale caractéristique est leur impossibilité de communiquer entre eux. On discute ensemble mais personne n’écoute son interlocuteur, chacun étant préoccupé uniquement de ses propres passions et sentiments. Mr Scogan recherche avidement quelqu’un à qui parler mais se lance alors dans un long monologue lorsqu’il a enfin saisi une proie. Denis se reproche sa timidité et son manque d’audace envers Anne et rate toutes les bonnes occasions pour se faire valoir auprès d’elle au contraire d’Ivor. Une savoureuse peinture de la bonne société anglaise de l’époque.

On retrouve dans certains passages les idées futuristes de Huxley qui annoncent le chef d’œuvre de l’écrivain : « Le Meilleur des Mondes ».

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