Une foule de personnages évoluent dans ce petit univers créé par Barbara Pym où il ne se passe pas grand-chose et où tout le monde épie tout le monde. Et c’est ce qui fait la saveur de ce roman : les petits détails du quotidien, les journées mornes, la morosité de la vie de banlieue, les voisins qui se surveillent, les médisances, les perfidies, les comportements figés, les conventions sociales, la futilité des conversations, le thé au jardin, l’office du dimanche, les premiers émois et balbutiements de jeunes cœurs qui n’aspirent qu’à aimer et être aimés, le choix du chemin à prendre pour vivre sa vie selon ses rêves. Tout ça peut paraître mièvre et rabaché mais pas sous la plume de Barbara Pym. C’est plutôt savoureux et ça se déguste avec plaisir. Un enchantement !
« Outre qu’elle servait de dépotoir aux spécimens anthropologiques de tout ordre, la salle était en effet considérée comme une sorte de no man’s land, où les anciens étudiants du département qui n’avaient nulle part où aller pouvaient se trouver un coin pour rédiger leurs notes de mission. Ces parasites à la piètre allure occupaient ainsi par intermittence une ou deux tables couvertes de papiers. Ils habitaient les plus bas quartiers de Londres ou de lointaines banlieues perdues, vivant chichement de pitoyables bourses, leur créativité bridée par la pauvreté et les difficultés familiales. Seule la plume d’un Dostoïevski aurait su rendre justice à leurs existences de misère mais ils n’éprouvaient pour leur part aucun mal à s’exprimer et s’assemblaient souvent dans cette même salle ou au pub pour exposer les névroses et autres difficultés psychologiques qui les empêchaient de rédiger leurs notes. »
«— Dirons-nous en ce cas qu’à défaut d’être voués corps et âme à notre mission, nous y aspirons de tout notre être ? s’interrogea le professeur en manière de conclusion. Vous souvenez-vous de ce vers de Pope : Et moins que les anges, veulent être davantage ? »
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