mardi, mai 22, 2007

Vent d'est, vent d'ouest de Pearl Buck

Le choc des cultures

L'histoire se passe en 1930, en Chine. La narratrice de ce livre s’adresse à une amie et lui raconte les événements qui bouleversent sa vie. Elle appartient à une vieille famille chinoise noble dont la première épouse, sa mère, est fortement attachée aux vieilles traditions ancestrales. Son père ne pense qu’à son plaisir et prend plusieurs concubines dont il se lasse assez vite après leur avoir fait un ou deux enfants et après que leur beauté se soit fanée. Tout ce petit monde cohabite donc dans la maison familiale.

La narratrice à un seul frère qui décide de partir étudier aux Etats-Unis comme c’est la mode dans les familles chinoises aisées de l’époque. Mais, il revient accompagné d’une épouse américaine, rencontrée à l’université malgré le fait qu’il soit censé épouser une jeune fille de la famille Li, le mariage étant arrangé depuis de nombreuses années. Sa famille n’acceptera jamais l’Étrangère et sa mère, la Première Épouse en mourra. La narratrice épouse elle aussi un homme chinois qui a étudié la médecine en Amérique. Elle devra s’adapter aux nouvelles coutumes de son mari qui lui demande en autre de vivre dans une petite maison à l’américaine, de se débander les pieds et de se considérer l’égal de son mari. Voulant se faire aimer à tout prix par ce mari étrange, la narratrice accède à tous ses désirs mais au fond de son cœur, elle garde les vieilles superstitions chinoises bien ancrées. Mais peu à peu, elle commence à douter d’elle-même et de ses convictions et accepte de plus en plus le point de vue de son mari.

C’est le choc des cultures orientales et occidentales qui est le thème majeur de ce roman. Les vieilles traditions chinoises sont bousculées par l’apport de l’Occident et certains ne peuvent s’y adapter. Deux cultures opposés à l’extrême mais réunies par l’amour de deux jeunes gens passionnés qui ne demandent qu’à s’aimer envers et contre tous. Le frère de la narratrice devra payer très cher son amour pour l’Étrangère, perdant sa place au sein de la famille ainsi que son héritage. Il choisit l’amour avec courage et détermination, désireux d’accéder au bonheur malgré toutes le embûches qui se dressent sur son chemin.

Un roman qui peut sembler à l’eau de rose si ce n’était de la belle écriture de Pearl Buck toute en douceur et subtilité, qui décrit la vie par l’intérieur, se servant des sentiments et des désirs secrets d’êtres humains déchirés par deux cultures comme pinceau pour brosser une fresque magnifique de la Chine en pleine évolution.


« Et qu’avons-nous donc à communiquer à ces barbares ? Les dieux dans leur sagesse ont mis la mer entre nous, pour nous éloigner d’eux. Il est impie de réunir ce que les dieux dans leur sagesse ont séparé. »

« Cette liberté d’allures m’est incompréhensible. Et cependant, c’est curieux, quand j’y réfléchis je n’y découvre aucune mauvaise signification. Elle avoue son amour pour mon frère aussi simplement qu’un enfant recherche son compagnon de jeux. Il n’y a rien en elle de subtil ni de caché. Combien c’est étrange ! Cela ne ressemble pas à nos femmes. Elle est comme la fleur de l’oranger sauvage, pure et piquante, mais sans arôme.»

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