Par le biais de ce grand roman d'aventures, Jiang Rong s'efforce de sensibiliser le lecteur aux nombreux problèmes qui menacent la steppe Olon Bulag dont l'agriculture et le défrichement qui la transforment très vite en véritable désert. C'est un constant affrontement entre deux modes de vie diamétralement opposés : l'agriculture et le nomadisme. Mais c'est aussi un hymne à ce puissant carnassier qu'est le loup de la steppe mongole dont l'instinct de survie et la ruse sont remarquables. De nombreuses scènes de chasse sont décrites avec une grande puissance narrative.
L'auteur est remarquablement bien documenté sur la vie et les mœurs des mongols de la steppe. C'est plus qu'un roman, c'est un véritable documentaire qu'il nous propose. C'est aussi un vibrant plaidoyer pour la nature et sa sauvage beauté. Le fragile équilibre écologique de la steppe est constamment menacé par l'activité humaine et sa soif de rendement. On sent une volonté de l'auteur de lutter afin de préserver ce monde unique et magnifique de la destruction lente que l'homme lui inflige. C'est un livre tout simplement magnifique qui emporte le lecteur au cœur de la steppe Olon Bulag et lui fait vivre une expérience passionnante et fait de ce livre un chef d'œuvre à lire absolument pour qui s'intéresse à la faune et à la nature sauvage qui tend à disparaître malheureusement.
Extrait : "Au moment précis ou il revenait vers son matelas, s'éleva le hurlement d'un loup, en provenance de la colline : "Wu-aou... Wu-aou... Wu-aou..." C'était une longue mélopée, vibrante et rythmée par de courts arrêts. La voix avait un timbre pur et puissant et une force pénétrante. Tandis que la vibration faiblissait, l'écho se répercuta dans les vallées, amplifié
par les parois des montagnes alentour. Il plana dans l'air, erra sur le bassin, le lac et les marais, tandis que le vent murmurait dans les roseaux. L'ensemble composait une symphonie poignante et lugubre.
Il y avait longtemps que Chen Zhen n'avait entendu ce chant dans la nuit profonde. Il frissonna malgré lui et se pelotonna dans sa robe de mouton. La voix glaciale s'insinua en lui, jusqu'à la moelle de ses os."
Note : 5/5
1 commentaire:
Les alouettes chantent, le printemps est là
Les marmottes criaillent, l'orchidée s'épanouit
Les cigognes grises s'égosillent, la pluie couve
Les jeunes loups hurlent, la lune se lève.
Parvenir à éveiller les consciences, en cela réside le premier des talents de Jiang Rong.
Une oeuvre remarquable.
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