mardi, mai 22, 2007

Une fille Zhuang de Wei-Wei

Le choc de deux cultures

Wei-Wei est une jeune fille originaire de la Chine du sud qui rêve de faire des études en médecine. Mais, le gouvernement ayant besoin d’interprètes pour accompagner leur équipe de médecins qui partent chaque année travailler en Afrique francophone, Wei-Wei est envoyée à l’Institut des minorités nationales du Guangxi étudier le français au département des langues étrangères. Nous sommes en 1967 et il n’est pas question pour la jeune fille de discuter les ordres du gouvernement. Elle enterre donc son rêve de devenir médecin et s’attaque à l’étude de la langue française. Elle découvre vite combien il est ardu pour une chinoise d’apprendre cette langue qui lui est totalement inconnue et qui comporte de nombreuses difficultés. De plus, Wei-Wei ne connaît pratiquement rien de la culture de ce lointain pays qu’est la France. Ce sont des mémoires d’étudiantes que nous livre l’auteure. J’ai vraiment adoré lire les tribulations de Wei-Wei. C’est une jeune fille débrouillarde et tenace. La confrontation des deux cultures chinoise et française est savoureuse. La jeune étudiante est en butte à de nombreuses difficultés dont la quasi-absence de livres écrits en français qui sont pratiquement introuvables en Chine à cette époque. Elle réussira à en dénicher quelques-uns dans un recoin poussiéreux de la bibliothèque de son école dont le deuxième tome des Misérables de Hugo qu’elle lira au compte-goutte en s’aidant d’un dictionnaire français-chinois, objet rarissime cadeau d’un membre de sa famille. Un livre très attachant qui se lit comme un charme. Une écriture simple mais très agréable.

« Pour cette première expédition au cœur du monde hugolien, je m’en rends compte très vite, mon vocabulaire extrêmement limité n’est pas le seul obstacle. Les grandes difficultés résident surtout dans la tournure des phrases, dans les styles variés et complexes, dans la façon de voir les choses, dans la manière d’exprimer les émotions et de dépeindre les états d’âme, qui me sont totalement étrangers. Certains passages du roman, dialogues moins abrupts et plus aérés, sont plus faciles à parcourir. Mais ces blocs de granit noir d’encre qui se succèdent de page en page ! Leur aspect compact et pesant me paraît d’autant plus effroyable que je ne possède aucun outil pour m’agripper aux fissures et aux angles qu’ils offrent : je ne connais rien de la culture française, de son histoire, de son christianisme, de son humanisme… »

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